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Pirates under fire

Publié le : 13/11/2019 09:41:13
Catégories : Nouveautés


Par Tom, Ludifolie


Le capitaine Ham redemanda à boire. La jolie fille lui amena la bouteille, qu'il préféra garder dans son entièreté en posant quelques doublons supplémentaires sur le panneau en bois qui servait de comptoir. La taverne était bondée et Ham n'avait aucune envie de se retrouver à court d'alcool. Il but directement à la bouteille et le liquide lui réchauffa les tripes. Ham se retourna et prit la température de la salle. L'ambiance était tendue à Nassau. De nombreux navires mouillaient au port et la plupart de leurs capitaines, pirates de renom ou forbans sans importance -comme Ham- avaient été attirés par l'appât du gain. En effet, il se disait qu'une flottille de vaisseaux marchands espagnols allait faire route dans les mers des Caraïbes, avec assez d'or en son sein pour rendre chaque habitant de Nassau aussi riche qu'il était possible de l'être. Seulement, la flottille était bien protégée, obligeant les pirates à unir leurs forces s'ils voulaient nourrir quelque espoir de réussite.

Les semaines passant, deux leaders avaient émergé, et de nombreux capitaines avaient décidé de joindre l'un ou l'autre. Techniquement, il y avait donc deux flottes prêtes à l'action.

Un solide gaillard, noir comme l'ébène, se posa à côté de Ham. Il ne buvait pas et ses yeux parcouraient la salle comme le feraient ceux d'un faucon en chasse.

- Cette histoire va mal finir, dit le nouvel arrivant avec un accent français à couper au couteau

Ham le regarda du coin de l'oeil. Il reconnut Akbah, capitaine de « La Vipère ». Son équipage était rempli d'anciens esclaves. De bons pirates, féroces et durs.

- Peuh, j'en sais rien, cracha Ham. C'est d'jà un damné miracle de voir autant de pirates au même endroit sans que personne ait tenté de s'entretuer.

- Ça va pas durer, répondit Akbah en secouant la tête. Si les deux capitaines n'arrivent pas à s'arranger vite, on risque d'avoir deux flottes pour un même butin. Tu connais les gars du coin, ça ne peut pas bien finir.

Ham s'avala une nouvelle rasade. Il commençait à se sentir légèrement groggy.

- Et toi, t'as déjà choisi qui tu vas suivre ? lança-t-il à Akbah.

Akbah fit non de la tête.

- Je ne crois pas qu'attaquer une flotte marchande soit la bonne chose à faire pour les pirates de Nassau. Notre force, c'est d'être dispersés, insaisissables. Nous sommes nés pour nous battre, mais affronter une flotte entière ? Ca n'a rien à voir avec une prise habituelle. Nous n'avons pas l'expérience ou les compétences.

Ham haussa les épaules, feignant l'incompréhension.

La porte du boui-boui s'ouvrit soudain avec violence. La silhouette d'un homme de haute stature se découpa dans l'encadrement de la porte. Son visage sévère, flanqué de favoris grisonnants, scruta la salle. Ham avait oublié son nom (il avait très mauvaise mémoire), mais il se souvenait toutefois qu'il s'agissait de l'un des deux capitaines élu pour diriger la flotte de Nassau. Plus loin dans la salle, un énorme pirate portant une barbe noire comme la nuit se leva. Tout le monde s'était tu. Les deux hommes se rapprochèrent et se mirent à discuter au beau milieu de la salle. Ham et Akbah étaient trop loin pour entendre quoique ce soit, mais aux mines peu cordiales des deux protagonistes, la discussion devait être plus que sérieuse.

- Je te l'avais dit, souffla Akbah à voix basse. C'est maintenant que ça va se décider. L'un doit laisser la place à l'autre, où ça va très vite sentir la poudre à Nassau.

- Vu leur réputation, j'compterais pas là-dessus mon gars.

Ham se retourna vers le comptoir. Sa bouteille était encore loin d'être vide mais il était maintenant clair qu'il n'aurait pas le temps de la finir. Il la rebouchonna en grognant et la glissa dans sa ceinture. Il voulut lancer un mot à la jolie fille, mais comme le reste de l'assemblée, toute l'attention de cette dernière allait à la discussion entre deux capitaines, qui semblait d'ores et déjà s'envenimer. Ham secoua la tête, déçu, et descendit de son tabouret. Il remit son baudrier en place, tapota ses poches pour être certain de ne pas avoir été soulagé de ses effets, et noua un foulard noir émacié sur son crâne en prévision du soleil de plomb qui l'attendait au dehors.

- Tu n'attends pas de voir comment ça va finir ? demanda Akbah d'un air circonspect.

- La richesse n'attend pas l'ami, fit Ham, qui avait marché d'un pas ferme vers la sortie. Tu devrais rapidement choisir ton camp !

Alors qu'il poussait la porte, Ham entendit des hurlements, des menaces et le son d'un sabre sorti de son fourreau. Les idiots allaient en arriver aux mains.

Ham se rendit le plus vite possible au port, où son navire, « Le Goéland », était prêt à partir. Dès que Ham fut sur le pont, son second l'aborda.

- Alors, quelles nouvelles cap'tain ?

- Les deux flottes vont s'affronter, fit Ham, guilleret. C'est presque certain maintenant.

- C'est terrible non ? demanda le second, qui ne semblait pas comprendre la joie de son capitaine. S'ils se battent en mer, ce serait un coup terrible pour Nassau... Beaucoup d'hommes et de navires, perdus pour rien.

Ham n'écoutait que d'une oreille. Le vent sur son visage et la morsure du soleil l'avaient revigoré.

- Hmm ? Oui terrible pour Nassau... Les gars ont fini d'embarquer les vivres ? La poudre ?

- Bien sûr capitaine.

- Alors levez l'ancre, fit Ham en souriant.

Une pluie d'ordres et d’instructions bien connue de tous les membres d'équipage fusa, et le navire s'anima en craquant de toutes parts. Alors que tout le monde s'affairait à son poste, Ham regardait l'horizon. Si la plupart des capitaines pirates de Nassau s'affrontaient, cela voulait dire que les mers étaient à lui. Il n'avait plus à partager ! Au diable les querelles de Nassau ! Que ces imbéciles se battent pour l'honneur de subir les canonnades des vaisseaux de guerre espagnols. Ham, pendant ce temps, deviendrait riche.

Le capitaine Ham cracha par dessus le bastingage, et se redressa, prêt à entrer dans la légende.






Faire s'affronter deux flottes de pirates, il s'agit là bien du thème de Pirates Under Fire, un jeu pour 2 joueurs, édité par Explor8 et distribué par Asmodée. Imaginé par Stefania Niccolini et Marco Canetta, illustré par Ivan Nikulin, le jeu est prévu pour 10 ans et plus, pour des parties d'une trentaine de minutes environ.

Pirates Under Fire fait donc son entrée dans le monde ludique en tant que jeu de pose de tuiles dans la lignée des purs petits jeux d'affrontements à deux joueurs. Dans ce jeu, les règles sont plutôt accessibles, mais la réflexion sous-entendue ne l'est pas forcément. Vous êtes prévenus.

Tout d'abord, pour la mise en place, on constitue le plateau de jeu, composé de 6 plateaux modulables, divisés en 42 cases mer au total. Chaque joueur choisit un côté et prend les 27 tuiles navires qui correspondent à la couleur du côté choisi. Les tuiles sont séparées aléatoirement en deux tas, un de 18 tuiles (la pioche), et l'autre de 9 tuiles (la réserve). Chaque joueur pioche ensuite 3 tuiles de sa pioche pour faire sa main de départ. On place enfin des bateaux mercenaires qui pourront être achetés par les joueurs en cours de partie.

Commençons donc par énoncer le but du jeu. Pirates Under Fire est un jeu qui se gagne aux points de victoire, et pour ce faire, comme dans maints jeux de pose de tuiles, il faut essayer de faire des combinaisons avec ces dernières. Chaque tuile représente un navire et possède un numéro (de 1 à 9), sachant qu'il y en a trois exemplaires de chaque par camp.

Les joueurs ont plusieurs manières de gagner des points : en faisant, horizontalement ou verticalement, des suites de numéros (plus elles sont longues, plus elles rapportent), en faisant des combinaisons de trois chiffres identiques, en acquérant certains bateaux mercenaires, en plaçant des navires dans l'aire de jeu adverse, ou encore en scorant des points directement en cours de partie grâce à certains effets des cases du plateau.

Le mécanisme de pose est très simple, puisqu'on choisit une des trois tuiles qu'on a en main, qu'on peut décider de jouer n'importe où sur sa première ligne, ou orthogonalement adjacente à un navire déjà en jeu. Une fois la tuile posée, on résout d'abord l'effet de la case mer sur laquelle se retrouve le navire. Les effets sont divers et sont au cœur de la stratégie de pose. Ils permettent, en vrac, de poser des mines pour donner des malus de points aux adversaires, de tirer sur des bateaux ennemis pour les détruire, de réparer un de ses propres bateaux, de gagner des points de victoire, ou encore d'augmenter la taille de sa main en piochant des tuiles de la réserve.

Une fois l'effet de la case mer résolu, on résout l'effet de la tuile bateau. Là encore, les effets varient, allant de la canonnade déjà évoquée, à la pose d'un bouclier rendant plus résistant un navire, en passant par des gains de doublons (qui permettent d'acheter d'indispensables bateaux mercenaires), ou encore par des capacités de destruction de mines et autres filouteries comme le X2 qui permet de jouer deux fois l'effet d'une case mer.

La combinaison de ces effets, liée à la réflexion autour des combinaisons à effectuer, rend le jeu aussi tactique que plaisant. Si la dominante hasard peut sembler cruciale dans le sens où l'on ne dispose que de trois tuiles à chaque tour, il est à noter qu'elle se réduit rapidement tant les moyens d'augmenter la taille de sa main sont nombreux et rapides. De plus, au jeu du « je te détruis, mais tu répares, mais ensuite je te mets une mine, je casse ta combinaison, ah mais je peux pas sinon je perds ma suite... », on se rend compte qu'on a déjà vite fort à faire avec seulement trois tuiles.

Stratégiquement parlant, le jeu est donc extrêmement varié, et si l'on a tendance, sur les premières parties, à se perdre un peu dans l'aspect vindicatif du jeu (en essayant par exemple de détruire absolument le plus grand nombre de navires ennemis), on se reprend vite sur les parties suivantes avec l'envie de tester des stratégies bien plus calculatoires (et donc, plus fourbes).

Au-delà de l'aspect tactique, il est à noter que la rejouabilité semble être au rendez-vous, que ce soit par la modularité du plateau (qui, avec six morceaux, permet déjà quelques dispositions différentes), ou par la présence des bateaux mercenaires aux pouvoirs si utiles, dont seulement 5 (sur 12) sont utilisés à chaque partie. De quoi varier agréablement un jeu qui aurait peut-être pu souffrir d'être trop figé s'il n'avait pas été pensé de la sorte.

Au niveau matériel et du contenu concret de la boite, tout est bien pensé, en quantité et en qualité, des jetons aux tuiles, rien à redire de ce côté-là. C'est sobre, c'est propre. On notera toutefois l'absence quasi totale de thématisation du jeu, puisque les joueurs n'ont même pas droit à une vague phrase d'introduction narrative dans le livre de règles. On joue des pirates, parce que c'est un de ces fameux thèmes du moment, mais on aurait pu s'envoyer des noisettes avec des armées d'écureuils que ça n'aurait fait absolument aucune différence. Dommage, mais le manque à ce niveau se compense largement par les mécaniques de jeu, qui priment clairement sur le reste dans Pirates Under Fire.

Au final, un bien bon jeu d'affrontement tactique et malin à deux joueurs, qui ravira les fans du genre et qui se glissera sans aucun problème sous le sapin ! A vos canons !




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